Préquel #2 : Le Règne des Hommes

Le Règne des Hommes

Sommaire

- Episode 1 : Le royaume des Hommes
- Episode 2 : L'expansion de l'Empire
- Episode 3 : Le soulèvement
- Episode 4 : L'avènement des non-morts
- Episode 5 : Les damnés

Les humains remportèrent finalement la guerre. Mais à quel prix?
Les pertes humaines étaient considérables. Bon nombre de villes avaient été rasées par le souffle brûlant des dragons. Tout n’était plus que ruines et cendres. La pierre des quelques châteaux encore vaguement debout était calcinée. Certaines avaient même l’air fondue, montrant ainsi à quel point le feu des Anciens était dévastateur. Certaines places fortes furent laissées à l’abandon, comme de nombreux villages. Tout était détruit… Ces lieux n’étaient plus que désolation. Comment reconstruire sur ces terres qui avaient assisté à tant de haine et de massacres? Les ruines encore fumantes devinrent rapidement sujet de superstitions. Surtout celles où gisaient les cadavres des grands dragons.

Les gens nommèrent rapidement ces endroits comme des lieux maudits. La plupart des créatures magiques migrèrent, s’enfuyant loin de ces cités aux allures chaotiques. Alors, les humains commencèrent à se poser des questions. Devaient-ils reconstruire ici? Non… Hors de question… On ne construit rien sur des terres baignant dans le sang de tant de morts. Des terres damnées à tout jamais… Des conséquences terribles liées à cette magie noire… Et le pire était à venir… Mais que savaient ces gens sur leur futur? L’heure n’était pas encore à se tourmenter quant à l’avenir de l’humanité? Leur présent souffrait encore d’une terrible blessure. Il fallait donc panser ses plaies avant de penser à aller de l’avant…

A l’instar des créatures magiques, les humains décidèrent eux aussi à abandonner leurs anciennes cité, les laissant en proie à ces terres meurtries. De nombreux savoirs se perdirent avec cet exode massif. D’abord reconnus comme des héros de la guerre, les Mages noirs furent acclamés par la population humaine. Du moins, pour ceux encore debout à la fin du conflit. Leur grande tour avait brûlé sous les flammes de Ravi et bon nombre de leurs savoirs furent perdus. Mais qu’importe… Avec leur magie, ils pourraient rebâtir leur quartier général. Leur gloire ne fut malheureusement que de courte durée. De sombres vérités surgirent peu après le conflit avec les Anciens. Le sacrifice d’un nombre incalculable de vies innocentes pour l’obsession de quelques illuminés… La mort du seul allié draconique, tué de la main d’un Mage un peu trop radicale… Les cadavres des dragons, décomposés par leur soi-disante magie bénéfique, qui rendaient les terres aux alentours infertiles...

Les Mages noirs tombèrent rapidement en disgrâce et la magie interdite dans l’oubli. L’humanité venait de réaliser qu’il ne s’agissait pas de la providence divine qu’elle avait toujours attendu. La chute des Anciens leur permit sans doute d’ouvrir les yeux à ce sujet. Beaucoup préférèrent oublier ce qu’il s’était passé durant cette Grande guerre. Bien que la légende suggère que certains mages avaient réussi à sauver quelques livres des flammes. Mais depuis la Guerre du feu, peu avaient encore les grandes connaissances de l’époque.

Les humains quittèrent donc ses terres pour s’installer plus au Nord. Des terres encore vierges de toute présence humaine - ou presque. L’humanité se reconstruisit petit à petit. De nouvelles cités virent le jour et des villages fleurissaient aux alentours. Tout recommencer à zéro, sur de nouvelles bases. Bâtir une nouvelle vie, une nouvelle civilisation. Cela prit du temps et beaucoup d’énergie. Cette reconstruction s’étala sur des générations et des générations. Mais, finalement, les Hommes parvinrent à se redresser après cet épisode funeste. La plupart des grandes villes qui virent le jour à cette époque sont celles qui s'élèvent encore aujourd'hui.

Et avec ce renouveau, vint rapidement l’Âge des Hommes.

Les monarques se succédèrent. Les alliances se firent et prospérèrent. D’autres s'étiolèrent et prirent fin avec la disparition de certains rois. Le grand classique de l’histoire des hommes. Le Royaume humain fut rapidement rebaptisé l’Empire, où plusieurs provinces virent le jour et se démarquèrent les unes des autres. Leurs noms et leurs limites ne correspondent plus à ce qu’on connaît aujourd’hui de l’Empire. Le territoire des Hommes étant plus petit à ses débuts, on ne parlait pas encore de province. Un royaume unique qui commença doucement à s’étendre et à s’organiser en plus petites entités. Certaines ont peut-être disparu, laissant leur place à d’autres. Parfois, elles ont tout simplement fusionné pour donner naissance à une province plus importante. Ou au contraire, elles se sont dissociées pour devenir deux principautés différentes. L’Empire était en plein changement, en pleine mutation. L’humanité se cherchait encore. Des fondements stables pour un royaume stable. Tels étaient les principes de l’époque.

L’Empire prospéra. La Guerre du feu n’était plus qu’un lointain souvenir. Seuls de vieux récits en faisaient encore mention. Ceux ayant participé et survécu à ce terrible conflit avaient disparu depuis un moment. Leurs descendants avaient pu retrouver une vie tout à fait normale. Et dire qu’il y avait quelques centaines d'années, le continent était en proie aux flammes et la destruction. Un âge de paix avait commencé. Les quelques conflits occasionnels étaient minimes, entre humains et quelques créatures magiques plus belliqueuses. Mais rien qui pouvait réellement s’apparenter à une guerre. Quelques rixes sans conséquences…

Une paix toute relative. Était-elle faite pour durer?
Chaque histoire recèle son lot de rebondissements. Aurait-on pu prévoir la suite des événements? Sans doute… Ce n'était un secret pour personne. Après l'essor de l'humanité presque miraculeux, la population humaine subit un boom démographique conséquent. L'Empire avait besoin de plus en plus de place. Champs, prairies, fermes, bâtiments, villes, châteaux… Était-ce une raison suffisante? Ou bien était-ce le désir impérieux d'un souverain en quête de gloire et de grandeur? Empereur Osidius restera sans doute à jamais dans les annales car ce fut le premier à oser marcher plus au sud du Royaume des Hommes. Des territoires anciennement oubliés, où la nature avait repris ses droits et où les créatures magiques avaient élu domicile. Là commença la conquête des anciennes terres magiques.

Les humains grignotaient petit à petit du terrain, grappillant la moindre parcelle de terre qui leur était accessible. D'abord pacifiques et plus diplomates, les troupes de l'Empereur avancèrent lentement en persuadant les populations locales de rallier l'Empire d'une manière ou d'une autre. Taxes, dons en tout genre… Il faudra attendre le règne d’Agrippa pour voir la situation dégénérer. Fou, aliéné ou encore taré si on prenait le vocabulaire du bas peuple. Il hérita vite du surnom du Dément suite à la perte de son fils. Une mort tragique survenue alors que son fils partait en campagne pour rétablir la paix. A dix-sept ans, on est encore plein d’espoir et de rêves merveilleux sur le monde. Il perdit la vie suite à une attaque de rebelles refusant de payer une taxe sur les céréales. Qui devenait de plus en plus élevée. Un détail non négligeable causant le mécontentement du peuple magique.

Pour quelques fautifs - à juste titre ou pas - l’Empereur entra dans une colère noire. Son fils bien aimé avec ses belles paroles de grand pacifiste n’était plus. Plus rien ne pouvait plus apaiser le monstre qui dormait en lui. Sa fureur fut telle qu’elle balaya d’un revers ces petites contestations qu’on nommait rébellion. Cependant, Agrippa ne s’arrêta pas à cette simple petite émeute. Devenu paranoïaque, il s’était mis en tête qu’on voudrait sa mort après ça, que des rebelles s’étaient malgré tout enfuis. A tort ou à raison… Sa quête vengeresse ne s’arrêta pas pour autant. Obsédé, il chercha sans relâche les assassins de son fils, sans savoir s’ils avaient réellement survécu au premier assaut. Sa haine l’aveuglait et le rendit totalement fou. Il rasa des villages entiers, brûla des forêts sans la moindre once de pitié. Une chasse pourtant si vaine...

Le peuple des êtres magiques grondait. Punir les fautifs était une chose, faire souffrir des innocents en était une autre. Personne ne s’était opposé à cette vendetta. Le jeune prince était apprécié de bon nombre d'habitants, toutes races confondues. Sa réputation d’homme profondément bon s’étendait du territoire humain à celui des créatures magiques. Une figure bien jeune et qui, pourtant, parlait déjà comme les grands hommes. C’était toujours lui qui était dépêché pour calmer les tensions dans les contrées. Un travail ingrat comme diraient certains. Pourtant, le prince s’était toujours senti honoré d’être le représentant officiel de sa propre race. Et c’était avec brio qu’il accomplissait ses missions de pacificateur.

Avec sa mort, un pilier de la bonne entente entre humains et créatures venait de voler en éclat. Et que dire de l’excès de démence de son père qui ravageait les contrées magiques. Un tel acte ne pouvait pas rester impuni. Les êtres magiques ne restèrent pas sagement assis. Qui seraient-ils pour regarder leur propre peuple subir de telles atrocités sans lever le petit doigt? Bientôt, les créatures se soulevèrent contre leur oppresseur, essayant de mettre un terme à son règne de folie. Une nouvelle guerre éclata, avec elle, toute une série de faits macabres et dérangeants. Les dérives des conflits si bien connues et qui, pourtant, sont niées par l’ensemble de la population.

L’Empereur Agrippa laissa finalement sa place à son fils, benjamin de la famille. Ses deux sœurs aînées ayant été jugées inaptes à régner, le dernier né de la famille monta sur le trône. Endoctriné par son père, il s’était embourbé dans la folie de son patriarche et poursuivit la démence meurtrière de ce dernier. Pour un frère qu’il avait à peine connu et qu’il aurait aimé connaître. Le règne d’Aluginac se poursuivit sur la même lancée, quoique… allant sans doute de mal en pis pour les créatures magiques.

Les troupes de l’Empire continuèrent d’avancer, matant toute rébellion qui s’opposèrent au Royaume des hommes. Et l’Empereur pouvait compter sur une aide des plus inattendues. Longtemps oubliés, les Mages Noirs refirent surface. Certes, leurs pouvoirs n’étaient plus aussi grandioses que ceux d'antan. De plus, il restait très peu d’humains capables de telles prouesses. Leurs savoirs s’étaient perdus avec le temps. Mais ils étaient suffisamment détraqués pour être craints. Leur aide était non négligeable. D’autant plus que les Mages y trouvèrent leur compte. Pourquoi cracher sur un Empereur qui leur offrait les matières premières à leur terrible magie? L’entente fut immédiate.

L’Empire humain arriva peu à peu à son apogée et ses légions soumettaient une à une les dernières contrées magiques. Des contrées où monstres et humains avaient réussi à travailler ensemble pour un semblant de paix. Car, contrairement à ce que la plupart des humains de la capitale croyaient, une entente était réellement possible entre les êtres magiques et les humains. Les habitants de ces territoires le montraient bien. Mais qu’était-ce face aux dires d’un roi aliéné ne vivant que pour les massacres sanglants? Ce fut sous son règne que fut érigée l’une des plus grandes arènes de jeu. Cependant, elle ne prit pleinement son rôle de divertissement qu’à la fin de sa construction, sous le règne de Stateira, première Impératrice. Qui, en passant, fut à la hauteur des envies de conquête de son père.

L’expansion du Royaume humain se poursuivit sous le joug de la première dame. Et contrairement à son paternel qui comptait sur ses troupes pour défendre son titre et traquer les insoumis, l’Impératrice était bien souvent sur les champs de bataille, en compagnie de ses hommes. Stateira perpétua le désir de colonisation de son père, allant même au-delà. Criminels, innocents, orphelins, humains ou créatures magiques… La race ou les statuts en dehors des frontières de l’Empire n’avaient plus d’importance. Tous venaient gonfler les rangs des prises de guerre.

De libres, ils passèrent à esclaves vendus sur les marchés, parfois pour une bouchée de pain, parfois au plus offrant. Dépendant de leur race, certains étaient envoyés comme serfs auprès d’aristocrates ou dans la petite bourgeoisie. Les plus costauds et les plus monstrueux constituaient la chair à canon qu’on envoyait dans l’arène. Des esclaves-guerriers jetés dans la fosse et forcés de s’entretuer pour divertir les plus riches de ce monde. Des gladiateurs, des combattants aguerris, qui affrontent fauves et créatures légendaires, pour la gloire de quelques familles qui en firent leur profit.

Un Empire humain à son apogée. A croire que magnificence rime avec décadence. L’Impératrice Stateira laissa un royaume prospère et d’une splendeur incomparable en héritage à son seul et unique enfant. Trop occupée à faire la guerre, elle en avait oublié tous ses devoirs maternels. Son fils fut donc élevé loin de tout ce tumulte belliqueux et des idéaux martiaux de sa mère. Childéric, le Fainéant. Tel était son patronyme… Et autant dire qu’il le portait à merveille. Tout l’opposé de sa mère, il préférait rester grassement dans son château, à boire, à manger et à courtiser. Heureusement pour lui qu’il régna durant une époque florissante. Ses troupes relâchèrent leur vigilance et la surveillance aux frontières de l’Empire s’affaiblit. Au point de ne pas voir la nouvelle menace qui se profilait à l’horizon…

La Marée noire, comme le disaient si bien les paysans. Une épaisse brume noirâtre avait pris possession des contrées les plus méridionales du Royaume. On dit que les premiers panaches s’étaient élevés du Lac des Amants. Là où les deux Anciens draconiques, celui de la terre et de l’océan, étaient tombés. Les quelques troupes furent dépêchées pour y jeter un coup d'œil car pas mal de disparitions avaient été signalées dans le coin. Les gardes furent rapidement comptés parmi les disparus. On dit qu’elles se sont perdues à tout jamais dans la brume et que les soldats cherchent désespérément une sortie dans les fumerolles, en vain.

Plusieurs aventuriers, nobles et moins nobles, tentèrent de braver la Marée noire. Une belle récompense serait offerte à ceux qui franchiraient cette barrière de nuages acres et en reviendrait avec des explications. Autant dire que le sort fut similaire à celui des troupes de l’Empereur. A peu de choses près… Deux manants - dont l’histoire oublia malheureusement leur nom - revinrent apporter la nouvelle au château impérial. Aussi livides que des cadavres, ils semblaient avoir vu la mort elle-même. Ce n’était pas si faux, à en croire leur récit…

Des paysans, des soldats, des chevaliers, des créatures magiques… Et ses deux immenses squelettes presque engloutis par le lac. Un véritable cimetière… Ou plutôt un grand charnier à ciel ouvert. Tous ceux qui avaient traversé le brume gisaient autour de l’étendue d’eau. Si on pouvait encore appeler cette fosse béante un lac. L’eau n’était plus qu’une mélasse noire, écumante par endroit, semblable à du goudron. Des bulles remontaient régulièrement à la surface et éclataient en des “pop” sinistres. L’atmosphère était pesante. L’odeur qui flottait au-dessus de ce marais était atroce. Une puanteur terrible qui donnait des haut-le-cœur. Mais le pire dans ce spectacle macabre, c’était les morts eux-mêmes. L’un des roturiers jura sur sa vie et celle de sa famille qu’il les avait vus se relever. L’un d’eux l’avait attrapé par la cheville. Son sang n’avait fait qu’un tour. Les deux téméraires avaient fui, la queue entre les jambes.

Cadavres ambulants, à moitié pourris et rongés par la vermine. Qui donnerait crédit à deux pauvres hères qui étaient réputés pour abuser un peu trop de la boisson? L’Empereur n’en tint pas compte en tout cas, de même que sa cours de débauchés. Ils riaient tant… Des morts qui marchaient… C’était la plus belle blague de l’année. Si seulement cet événement ne faisait partie que d’une vaste plaisanterie. Ne rien faire, laisser couler, fermer les yeux sur ce mal qui rampait silencieusement. Peut-être devrait-on écouter un peu plus souvent les ivrognes? Au milieu de leurs délires sarcastiques et de leurs lamentations, peut-être y avait-il une once de vérité?

Ce fut bien tard qu’on leur accorda avoir eu toute leur tête. Quand d’autres revinrent des contrées des brumes avec les mêmes récits. Avec la marée noire qui prenait de l’ampleur et avec des morts qui en sortaient, tels des pantins manipulés par un marionnettiste invisible. Des marionnettes qui, pourtant, semblaient avoir leur identité propre. Car, contrairement aux dires de certains, elles faisaient la distinction entre les humains et les êtres magiques. Est-ce que la chair d’un elfe est-elle plus goûteuse que celle des humains? Certains se sont posé la question… Mais même si les Non-morts paraissaient préférer les créatures magiques, les humains n’étaient pas pour autant à l’abri.

Malédiction ou maladie? Que ce soit l’un ou l’autre, les humains s’en retrouvèrent contaminés. Les premiers furent les chanceux qui revinrent vivants de leur séjour dans la brume. Ils tombèrent tous malades, comme s’ils étaient atteints de la peste. Fièvre, vomissement, convulsions, pâleur morbide… Et cette marque si sombre au niveau de leur plexus solaire. Une tache obscure, comme si leur peau avait été calcinée. D’où s’échappaient des veines tout aussi ténébreuses, qui pulsaient un sang infâme dans le reste du corps des victimes. Peu à peu, les chanceux devinrent des poissards. Peu à peu, ils se transformèrent pour devenir des Non-morts à leur tour.

Ce fut ainsi que la Marque Noire fut implantée dans le royaume humain. Un mal qui s'insinuait vicieusement dans les rues des cités humaines. Un mal qui prit possession de chacun, comme un cancer latent qui attendait son heure pour exploser. Personne n’était à l’abri. La Marque touchait tout le monde, sans distinction, totalement au hasard. Riche ou pauvre, jeune ou vieux, femme, homme et enfants. Dans de plus rares occasions, même les animaux n’étaient pas épargnés. Pris au dépourvu, l’Empereur paresseux donna sa totale confiance à ses conseillers, leur léguant sans oser se l’avouer les pleins pouvoirs sur le royaume. Childéric fut rapidement évincé par son propre conseil qui mit son jeune fils de dix-sept au pouvoir, toujours sous la tutelle du premier conseiller. Un jeune homme avec un embonpoint certain mais plus mature et intelligent que l’était son père. Plus malléable également pour le conseil qui tâcha d'en faire un meilleur seigneur.

Harnaché de jolies ficelles discrètement tenues par le premier conseiller, l’Empereur Ebroïn tenta de rétablir l’ordre au sein d’un royaume décadent, que les Non-morts menaçaient de leur présence. Il mena deux projets de front. Le premier était une grande chasse aux infectés pour nettoyer au maximum le royaume de ces saletés. Le deuxième plan fut de construire une immense muraille, séparant les contrées du nord de celles du sud. Pour ainsi contenir les morts-vivants qui continuaient d’apparaitre en masse depuis la Marée noire. Le but était de protéger son Empire de ce nouveau fléau. La plupart des créatures esclaves contribuèrent à l’élévation de cette muraille, au prix de nombreux sacrifices. Et les quelques Mages noirs encore présents y étaient sans doute pour quelque chose…

L’Empereur y consacra toute sa vie à tel point qu’il en mourut, laissant un trône vide, sans héritier. Ce fut le premier conseiller qui prit sa place, changeant ainsi l’ordre de succession et la dynastie déjà établie. Personne ne sembla contester ce choix. Il avait su démontrer une grande loyauté envers le royaume et être de bon conseil auprès de l’Empereur. Et rappelons-le, la noblesse sortait tout juste d’une époque de fainéantise et de débauche. Alors, lutter contre des morts-vivants, très peu pour eux. Un bon roi qui tenta tant bien que mal de redresser un royaume sur le déclin. Dommage que l’histoire n’ait retenu que de lui son côté opportuniste au trône.

Ce fut durant son règne qu’on vit apparaître ce qu’on appelle plus communément aujourd’hui les Damnés. Des êtres humains frappés par la terrible Marque noire. Des humains qui ont un petit côté béni. Ce qui est tout à fait ironique dans une malédiction. Les concernés ne prennent pas cette idée sous le même angle, se voyant à tout jamais maudits sans espoir de rédemption ou de repos éternel. En effet, ils sont plus résistants au poison qui les ronge. Ils semblent mieux le supporter. De ce fait, ils ont tendance à garder toute leur tête et sombrent moins vite dans la folie que les autres infectés. Cependant, ils restent très liés aux Non-morts et à la brume d’où viennent ces derniers. Ce qui en fait des parias, des gens maudits qu’on refuse d’approcher par peur de se faire soi-même maudire. Autant dire que ce sont les mal-aimés du peuple, plus que les créatures magiques.

Pourtant, ce sont les candidats idéaux pour parfaire la garde du mur et de ses frontières avec la brume. Pour leur plus grand désespoir car ils se font généralement enrôler de force… Ou peut-être, pour leur plus grand bonheur? Eux qui sont tant liés à la brume. Un espoir subsiste… Celui d’avoir des réponses sur le mal qui les ronge...